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Historique

Premiers témoignages
Une seule corde
Un nouveau système
Une influence majeure
Le murmure de l'âme
Récits de voyageurs



Ragini Kedar,
Hyderabad,
vers 1750,
Kolkata,
Indian Museum
(détail)
 

Le murmure de l'âme
 
 

Si de nombreuses peintures des 16e et 17e siècles témoignent de l’importance de la musique dans le contexte temporel de la vie princière, d’autres sont tout autant révélatrices de sa forte présence dans le domaine de la vie spirituelle.
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Souvent représentés dans un décor champêtre, dans la solitude d’un ermitage ou en compagnie d’animaux sous le charme de leur musique, renonçants et ascètes jouent de la vina, leur instrument de prédilection. Les artistes deccani se sont plu à peindre d’énigmatiques femmes ascètes (yogini) parcourant les contrées solitaires en jouant de la musique.
Cette jeune femme richement vêtue s’accompagne d’une vina monocorde d’un type très ancien, dans une position de jeu identique à celle du personnage céleste d’Ajanta.


Yogini jouant de la vina,
Deccan, Bijapur,
second quart du 17e siècle.
 

Cet instrument, dont la seule fonction de bourdon accompagnait le chant, atteste de la pérennité d’une tradition déjà millénaire.
Ascèse et renoncement

La quête spirituelle était un thème particulièrement cher aux souverains moghols. Si le pouvoir couronnait la réalisation matérielle, la recherche de la connaissance et de la sagesse représentait à leurs yeux l’aspiration ultime.

C’est ainsi que les peintres moghols exécutèrent un très grand nombre de miniatures réunissant princes et mystiques. L’un des fleurons de la cour de Shahjahan (r. 1628-1658), l’illustre Govardhan, composa cette splendide peinture en portant une minutieuse attention au moindre détail. L’expression psychologique de chacun des trois personnages est rendue avec un réalisme surprenant. La bin est sobrement mais très fidèlement représentée. Outre les chevilles et les frettes précisément figurées, le cordier emboîté à la base du tube montre deux petits appendices latéraux qui ne sont autres que les deux petits chevalets latéraux que les bin possèdent encore de nos jours.
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Prince et ascètes,
attribué à Govardhan,
école moghole, vers 1630.
 

Sur chacun de ces chevalets repose une corde qui avait à la fois une fonction de bourdon et de contrepoint rythmique, la corde mélodique, ici doublée, étant tendue au-dessus des frettes. Il est vraisemblable que la bin munie de trois cordes décrite par Abul Fazl (ainsi que celle du Musée de la Musique) possédait cet arrangement, rappelant avec son unique corde mélodique l’ancienne ekatantri vina.
Ce thème, récurrent dans la peinture moghole, sera souvent décliné dans une atmosphère musicale. Le rabab et surtout la bin y sont presque omniprésents, offrant ainsi sous le pinceau appliqué des peintres, une source documentaire d’importance.
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Sur cette dernière peinture est représenté le prince Akbar, fils de l’empereur Aurangzeb, en compagnie de saints hommes, hindous et musulmans. L’artiste a reproduit une bin aux résonateurs très ornementés. Peut-être a-t-il ainsi voulu traduire, dans un contraste saisissant avec l’austérité des lieux et le dénuement des ascètes, l’intense délectation que procure la musique de la bin ?


Le prince Akbar rendant visite à des ascètes,
école moghole, vers 1685.
 
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