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L’histoire
de la rudra-vina,
l’un des plus anciens cordophones
de l’Inde, est exemplaire à plus d’un titre.
En effet, depuis les premiers témoignages de son existence jusqu'à nos jours,
cet instrument s’est développé à l’écart des influences venues de Perse et d’Asie centrale
qui jouèrent pourtant un rôle majeur dans l’élaboration d’une culture musicale hybride
propre à l’Inde du Nord et communément appelée musique hindoustanie.
Dès son apparition, à la fin de la dynastie bouddhique gupta, elle devint rapidement
emblématique de la musique instrumentale et s’établit sur l’ensemble du sous-continent
en de fortes traditions séculières et religieuses. Pourtant, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle,
avec l’effondrement de la puissance moghole et l’avènement d’une nouvelle période
d’instabilité politique et socio-culturelle, elle perdit progressivement de sa grandeur passée au profit
de nouveaux venus comme le sitar et s’écarta de la scène musicale dans un processus irrévocable.
Alors qu’elle fut regardée des siècles durant comme l’instrument incarnant par excellence
l’esthétique musicale des raga et qu’elle soit encore aujourd’hui auréolée d’une grande considération,
sa tradition n’est plus représentée que par quelques rares musiciens.